Le Centre Zen de la Falaise Verte fut fondé en 1974 par Taikan Jyoji à son retour du Japon, après sept ans au monastère de Shōfuku-ji, sous l’égide de Yamada Mumon Rōshi. D’abord établi à Vesseaux, près de Aubenas, le Centre s’installe en 1987 à Saint-Laurent-du-Pape, en Ardèche.
Extrait du discours prononcé par Taikan Jyoji lors de la cérémonie officielle de consécration du zendō, le 13 juin 2010.
« Comme je n’ai pas la parole facile, je vais faire bref !
Tout a commencé en 1985, dans le jardin du Kōrakuen à Okayama avec un groupe d’élèves. Nous nous promenions et je dis à Gérard : « Ça serait bien qu’on réalise notre propre Centre ».
Je fais part du projet à Taitsū Rōshi et on a toute son approbation. Le plus dur restait à faire : rassembler les énergies, l’argent, acquérir un lieu. Taitsū Rōshi, le premier, a fait un don important à ce moment là.
Le projet contenait la construction de deux bâtiments principaux, un dojo et un zendō, en commençant par le dojo parce que dans un dojo on peut faire zazen, mais dans un zendō on ne peut pas avoir d’autres activités, et comme on avait de l’argent pour un seul bâtiment, on a construit le dojo.
C’est ainsi que fut créé en 1987 le premier temple européen consacré au zen Rinzai.
Plusieurs années plus tard, au cours d’une venue de Taitsū Rōshi, il me fait la remarque suivante : « Et le zendō alors, c’est pour quand ? » Parce qu’il avait donné de l’argent pour un zendō mais pas pour un dojo ! Alors j’ai dit : « Bon d’accord on va le faire », et me suis demandé : « par quoi commencer ? ».
On s’est réuni à Paris. Il y avait Gérard, Ivan, Daniel, Anne-Dauphine, une ou deux autres personnes, et une personne de Suisse à qui j’avais aussi demandé de venir, tous pratiquants du zen à la Falaise Verte. C’est toujours utile d’avoir un Suisse pour les questions financières. A un moment donné, il a demandé combien on avait besoin. J’ai répondu : « un million d’euros ». Il a annoncé : « Je peux vous trouver ça ! ». Dans la réalité il n’a jamais fourni un centime mais il nous a fourni l’espoir.
Comme vous le savez on ne peut pas faire zazen sans taku. Alors on a commencé à confectionner des taku et on a construit le zendō autour ! C’est aussi simple. Autrement dit, on a mis la charrue avant les bœufs ! Ça m’a toujours réussi de procéder de cette manière.
Avec Taitsū Rōshi on a une longue histoire puisque, à la mort de Mumon Rōshi j’ai continué à faire sanzen avec lui. Non seulement je ressens Taitsū Rōshi comme mon Maître, mais on a aussi développé une longue amitié. Je voudrais, du fond du cœur, le remercier de venir régulièrement à La Falaise Verte, tout particulièrement cette année avec une délégation de dix huit membres, maîtres de temple, adeptes laïcs, amis. C’est un grand honneur. Et puis, je voudrais remercier les personnes qui nous ont aidés moralement et matériellement, surtout les personnes qui nous ont aidés matériellement…
Un événement tout à fait exceptionnel pour Taitsū Rōshi s’est produit, le premier avril, ce n’est pas une farce… Il a été nommé kanchō du Myōshin-ji. En quelque sorte « cardinal », des plus de trois mille temples rattachés à la Maison-mère. Entre temps mon ami Matsui Soeki a aussi cette année accédé au titre de Secrétaire Général du Myōshin-ji. Nous avons donc ici présents les numéros un et deux du Myōshin-ji.
C’était peut être un peu long mais heureusement je n’ai pas la parole facile, donc je m’arrête !
Ah ! Pendant que j’y suis, je vous prodigue mon dernier enseignement ; rappelez-vous toujours ce nouveau proverbe qui annule définitivement l’ancien : « Pour réussir un projet, il faut mettre la charrue avant les bœufs ! ». ».